DU PAYSAGE… chapitre 3

La N5 Galerie vous propose une incursion dans des interprétations mentales du paysage, sujet cher à tant de créateurs d’hier et d’aujourd’hui. Reconnu officiellement comme un genre artistique à partir 16e siècle, le paysage a emprunté de multiples courants (classique, romantique, réaliste, impressionniste, …) jusqu’à s’affranchir des codes de la représentation. Cadre idéal pour la narration, la réflexion personnelle de l’artiste dans ses œuvres est l’une des caractéristiques singulières de ce mouvement perpétuellement réinterprété. Faisant suite aux précédentes expositions présentées à la galerie en 2020 et 2022, nous vous invitons aujourd’hui à parcourir dans ce troisième chapitre les univers de Laure Boin, Silvia Cabezas Pizarro, Marc Lambert et Sandrine Le Maguer.

Le travail de Laure Boin, présenté sur nos cimaises depuis 2016, illustre tout son attachement à la peinture en tant que médium et aux possibilités encore inépuisables qu’il lui offre. L’artiste propose ici de découvrir une nouvelle série d’œuvres sur les paysages cévenols qu’elle affectionne tant. Tout d’abord elle reprend ses pinceaux, ses tubes de peintures à l’huile et une facture classique assumée et assurée, pour capter les instants chassés où l’ombre et la lumière jouent avec les tonalités. Puis Laure nous surprend, une fois encore, en remisant ses pinceaux pour ne faire qu’un.e avec la matière. Ces peintures, à l’expressionnisme plus spontané, laissent exprimer l’intuition, le plaisir et le désir d’étonnement. On peut suivre les traces de ses doigts, étalant directement l’acrylique sur la toile, dans un geste moins normé. Le paysage semble ici presque modelé. Ce rapport viscéral au tableau avec un regard neuf, intime et poétique, revisite le thème traditionnel du paysage. Est-ce une manière de s’affranchir d’un académisme ou tout simplement de nous offrir un doux ressenti de l’enfance ?

Laure Boin est née en 1963 à Draguignan. Elle vit et travaille dans le Gard.
Parcours : 1980
Arts appliqués Duperré à Paris, section arts graphiques.

Laure Boin – Peinture à l’huile sur toile 54 cm x 65 cm, 2024 (extrait de l’œuvre)

Silvia Cabezas Pizarro nous présente des paysages poétiques, sorte de mondes isolés et silencieux restés jusqu’alors enfouis dans sa mémoire. Bienvenue dans la série « Mis Islas » où les souvenirs de l’artiste sont en suspension, portés par de drôles de nuages roses. Ces formes ouatées à l’apparence charnelle et douce sont inspirées des barbe à papa consommées dans des fêtes de Noël à Madrid, ville de naissance de l’artiste. Silvia invite le spectateur à se promener dans ses îles aux couleurs éclatantes, dans ses paysages madrilins d’enfance et autres lieux parcourus chers à ses yeux. Dans son travail empruntant des techniques mixtes, la recherche du vide dans la composition, l’action d’effacer, les résidus de matière sont des éléments de compréhension importants. Ils appuient l’idée même de mémoire, de disparition, de dualité entre le monde réel et imaginaire. L’artiste trace des chemins avec les jalons de son histoire, peint la forêt de ses souvenirs, dessine ses pérégrinations et pose délicatement ses pensées sur ses doux nuages insulaires.

Silvia Cabezas Pizarro est née en 1968 à Madrid. Elle vit et travaille entre les Bouches-du-Rhône et le Gard.
Parcours : 2001, obtention du DNSEP à L’École Supérieur d’Art d’Avignon – 1994, obtention d’une maîtrise spécialité en peinture, Université de Beaux Arts de Madrid.

Silvia Cabezas Pizarro – Technique mixte sur papier 65 cm x 50 cm, 2024 (extrait de l’œuvre)

Pour Marc Lambert, tout commence par le dessin d’observation (de paysages), retranscrits dans des carnets. Il faut saisir leurs dimensions, leurs reliefs sculptés par la lumière et leurs textures vibrantes. Par le dessin on peut s’en imprégner et en capter l’atmosphère. Puis dans l’atelier, la mémoire effectue son travail de modelage et de déformation. Ces souvenirs visuels sont les références, auxquelles se mêlent les œuvres vues dans la longue histoire de l’art. Ils permettent de combiner des éléments de composition. L’improvisation a alors sa place dans l’apparition progressive de l’image. Changement d’échelle, flou, seuil limite de perception : tous ces procédés sont bons à prendre pour inviter le regard à déambuler…

Marc Lambert est né en 1961 à Paris. Il vit et travaille à Montpellier.
Parcours : 1986 obtention du DNSEP à l’École Nationale des Beaux-arts de Montpellier. Enseigne le dessin d’observation en école supérieure d’art appliqué.

Marc Lambert – Graphite sur papier 77 cm x 112 cm, 2023 (extrait de l’œuvre)

Sandrine Le Maguer nous plonge dans des paysages maritimes réalistes et séduisants, inspirés des peintures historiques de batailles navales des épisodes glorieux empruntant souvent un caractère épique. Mais méfions nous des apparences ! Ici le sujet de représentation est l’utilisation du leurre afin de nous proposer une autre vision critique. L’artiste module le souvenir, la perception d’un univers défini et trace de nouveaux scénarios en associant à ses marines le contour d’architectures militaires (bunkers, casemates, citadelles,…). En manipulant ainsi les codes formels, Sandrine Le Maguer restitue un autre regard sur la représentation du pouvoir et de ses vestiges. Une nouvelle image s’offre à nous, la mémoire est chamboulée dans un jeu d’aller-retour pour mieux dénoncer la violence éternelle des évènements passés.

Sandrine Le Maguer est née en Bretagne. Elle vit et travaille dans la région.
Parcours :
2015, Master II (prépa Doctorat Art et science de l’art), ARBA-ESA, Bruxelles – 2013, DNSEP, Félicitations du jury, EESAB Lorient – 2011, DNAP, Mention, EESAB Lorient.

Sandrine Le Maguer – Peinture à l’huile sur papier Arches, 112 cm x 81 cm, 2020 (extrait de l’œuvre)

[ DU PAYSAGE… Chapitre 3 ]
Laure Boin, Silvia Cabezas Pizarro, Marc Lambert et Sandrine Le Maguer
Exposition du 31 mai au 20 juillet 2024
Vernissage jeudi 30 mai dès 17h en présence des artistes

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Auteur : N5 GALERIE

La N5 Galerie et Le lieu multiple montpellier sont deux galeries d'art contemporain partenaires depuis 2014, conjuguant exigence des choix et multiplicité des propositions, des générations, des parcours artistiques. L'équipe mènent un travail de médiation vers des publics, initiés ou non, pour une diffusion et une promotion des artistes la plus large possible, à travers expositions et évènements associés. Les deux galeries permettent une résonance et une synergie d’action par les nombreux projets communs mis en œuvre sur la ville, souvent fruits de partenariats féconds avec d’autres structures ou acteurs culturels du territoire.